UN VRAI MALHEUREUX DE MOINS
Longue promenade le long des falaises abruptes
Un regard comme un saut qu'on espère ne jamais faire
Plus loin ce sont les mouettes, tâches blanches sur fond bleu
Qui semblent appeler de tous leurs vœux,
Le triste promeneur solitaire.
C'est avec cette image de bord de mer
Qu'il rentra ce matin là, après une courte nuit de sommeil agité
Pris le train de 6h40, bondé, ne trouva pas de place autre que sur un strapontin
Et se mit à réfléchir à l'appel des oiseaux blancs, comme un murmure de l'au-delà
Qui lui conseillerait de sauter du haut des rochers d'Etretat.
Il n'était pas gentleman-cambrioleur.
Au fond qu'avait-il fait de sa vie, ou donc avait-il laissé son empreinte
Ne serait-ce qu'une simple trace sur un papier ? Aucune femme au monde n'avait versé
Une gouttelette de larme en pensant à lui.
Aucun enfant ne portait son nom. Tant mieux se disait-il, lui dont le nom résonnait encore à ses oreilles comme une insulte dans la cour d'école.
Il n'était pas politicien, encore moins polichinelle. D'ailleurs, les seuls blagues qu'il connaissait, ce sont celles rédigées au dos des emballages de chewing-gum ou de caramels, celles qui ne font pas rire les adultes et que les enfants comprennent rarement.
Aucun collègue ne l'avait jamais invité à aucun apéritif.
Personne ne l'appelait par un diminutif.
Sa propre mère peut-être un jour, mais elle le disait en anglais.
Lui ne pouvait bien l'entendre, tant son père criait fort à côté.
Cet homme est un pur produit de mon imagination.
Il n'existe qu'en cela, et c'est tant mieux pour lui.
Et pour nous ! Cela fait toujours un vrai malheureux de moins.
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