A LA CLAIRE FONTAINE
Il était une fois une femme jolie mais bête
Que seuls les animaux osaient approcher.
Car à force de ne plus côtoyer que chiens
Chats, rats, et autres bestioles malfamées
Elle était devenue laide sale et puante
Ressemblant davantage à un sac de poussière
Abandonnant peu à peu toute forme humaine
Perdant le sens de l'air et du temps
De l'odorat, du goût et de la parole.
Elle ne parlait déjà plus que par onomatopées
Quand lors d'une promenade découvrit
Une cascade aux eaux limpides
Si claires qu'on eut pu s'y noyer
Si telle était le désir de notre invitée.
Trempant ses pieds dans l'eau,
Cette femme y mit bientôt
Le reste de son corps, mince et svelte
Comme un décor de cinéma ou de théâtre.
Non loin de là s'étaient installés
Une troupe de comédiens
Qui jouaient c'est la vérité
Un texte de Mallarmé.
Quand vers quatre heures, ils eurent trop chaud
Vers la rivière se dirigèrent
Et se baignèrent en s'aspergeant.
Quelle ne fut pas leur étonnement
De découvrir sur les rochers
Là gisant entièrement nu
Un corps d'une sublime beauté
Mais complètement inanimé.
Trois d'entre eux la soulevèrent
Evanouie comme tous l'espèrent
La revêtirent d'une robe couleur de lune
Pour éviter qu'elle n'attrape
Froid sur son corps et dans son âme
Ils étaient déjà épris.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 14 autres membres